TRAUMATISME
Le petit garçon titube le long de la route. Sous la chaleur du soleil, les ombres contrastent sur ses récentes blessures. Il réfléchit déjà au mensonge qu’il va dire à ses parents. Allaient-ils croire qu’il était tombé ? Parce que ce n’est pas vrai. Le petit Thibault, du haut de ses huit ans, avait tenté de protéger une fille.
La cause était un manque de respect et d’éducation. Le fameux jeu du touche-pipi. Quatre garçons avaient bloqué la jeune fille innocente dans un coin du quartier. Paralysée, la petite n’avait pas osé bouger. Le plus grand des quatre, du haut de ses onze ans, venait de descendre son pantalon, laissant son organe génital à la vue de sa jeune victime. Dans un sourire pervers, il s'approcha de la petite pour seul objectif de la dénuder, exposant la vulnérabilité de sa martyre.
Thibault était passé à ce moment sur son vélo. Il n’avait pas hésité une seule seconde. Il avait braqué le guidon et fonçait vers le plus grand des quatre, qui avait fait un pas de plus vers la demoiselle. Suite à l'action de Thibault, l'aîné recula en remontant son vêtement. Sans attendre, les trois autres garçons s’étaient jetés sur Thibault, le faisant tomber. Dans une pulsion d’adrénaline, il avait bondi et faisait barrage de son corps.
Apeurée, la petite ne saisit pas immédiatement les intentions du nouveau venu.
— Ne la touche pas, avait alors crié Thibault.
— Je fais ce que je veux d'abord, grogna l’aîné du groupe.
Thibault avait baissé les yeux sur son vélo, à présent la propriété des individus d’en face. Que pouvait-il faire ? Il était en minorité, et malgré son ambition, il ne pouvait en sortir gagnant. Le sauveur se tourna vers la petite, dont les larmes coulaient silencieusement.
— Cours chez toi sans t'arrêter, chuchota Thibault.
La jeune fille avait acquiescé. Le garçon de huit ans savait que ça allait être une épreuve de plus. Il l’entendait inspirer et expirer, se préparant mentalement à la fuite. Et tandis qu’elle se tournait dans l’espoir de fuir, elle trébucha à son deuxième pas. Sans réfléchir, Thibault s’était jeté sur elle pour la protéger. Il avait vu du coin de l'œil l’aîné s’approcher dangereusement d’elle.
De son petit corps, Thibault essayait de couvrir toute la surface de la demoiselle, en vain. Les quatre garçons leur donnaient des coups de pied. Thibault encaissait du mieux qu’il pouvait, mais la jeune fille hurlait de manière saccadée.
Finalement, une porte d’entrée d’une maison voisine s’ouvrit, suivit par une voix grave d’un homme. Il hurlait aux jeunes de partir. Le groupe de quatre partit aussitôt avec le vélo. Thibault s’était relevé douloureusement. La petite, toujours à terre, tremblait de peur. L’homme s’approchait, suivit de sa femme. Cette dernière se penchait vers la demoiselle.
— Il… Il lui a montré son zizi. Ils voulaient lui faire du… du mal.
La femme avait jeté un regard médusé à son mari. Se rendait-il compte de ce qu'il disait ? Comment à un si jeune âge de tels actes étaient-ils envisageables ?
— Tu es sûr de ce que tu dis ? S'inquiéta la dame.
Thibault était sûr de lui. Sa mère lui avait appris des valeurs fortes comme l'honnêteté et les limites d'une personne au sujet de son corps.
— D'accord. Rentrez chez moi, je vais vous soigner et appeler vos parents, décidai le monsieur.
L'homme se tourna vers la petite qui tremblait et claquait des dents depuis peu désormais. Sans dire un mot, elle accepta l’aide en s’agrippant à la femme. Quant à Thibault, il avait gentiment décliné l’invitation.
— Je veux rentrer chez moi. Je reviendrai demain, expliqua le garçon.
Avant que les deux adultes n'aient pu ajouter quoi que ce soit, le garçon, du haut de ses huit ans, avait déjà tourné les talons en direction de sa maison.
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