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MON CORPS, MON PROBLÈME


Dans un monde où on juge l'apparence, mon corps fait partie de ceux qui sont dévisagés. Malgré les apparences souriantes, je cache une profonde blessure, qui contre mes désirs, transparaît dans la forme de ma silhouette.


Mon surpoids, je ne l'ai pas choisi, comme certains ont l'air de le croire. Je ressens chaque effort, comme monter les escaliers et sentir mon cœur battre à un rythme effréné.


Tous les matins, je fais face à mon reflet. Je vois des courbes méprisantes. Un double menton, des avants-bras grossiers et tombant, une bouée au ventre, des cuisses épaisses. Ce qui me marque le plus dans ce reflet, c'est ce regard rempli de tristesse et de dégoût à ma vue.


J'ai été débordé par la vie. Comment aurais-je pu m'y attendre ?


La prise de la pilule contraceptive, affectant mes hormones, a été le premier déclencheur. À cette période de croissance, j'avais la chance de pratiquer une activité régulière, depuis petite. L'équitation, mon refuge, mon dos ancré, et mes cuisses bien fermes. Et dire qu'à cette époque, j’étais déjà mal dans ma peau. Cela était dû à la folie du corps parfait que l'on voit encore actuellement dans les médias, les films et les réseaux sociaux.


Le second déclencheur se trouvait être la rencontre avec la vie active, qui m'a offert une dépression et un trouble alimentaire, l'hyperphagie. Des cadeaux empoisonnés dont je me serais bien passé.


C'est à partir de ce deuxième déclencheur que la descente aux enfers a commencé. Dix puis vingt puis trente puis quarante kilos en trop. Je suis passée d'une taille 38 à une taille 56.


Lors de cette vie active, trois grands épisodes m’ont barré la route. Le premier a été le covid. Ayant, à l'époque, un travail en restauration, j'ai perdu le peu de masse musculaire que j'avais gagné. J'avais aussi gardé cette mauvaise habitude de manger autant que lorsque je travaillais. Le second a été le déni puis la douloureuse acceptation de cette vieille et intime amie, la dépression. Le troisième et dernier ont été la déchirure d'un abcès pilonidal. Une opération me laissant avec un trou de cinq cm de profondeur et sept cm de longueur. Une douloureuse épreuve qui m'a alité pendant plus de trois mois. Tenter de prendre soin de ma santé physique et sportive a accéléré la formation de deux récidives, toutes les deux opérées dans l’année qui a suivi. Chaque jour, ma cicatrice me rappelle que si je veux aller trop vite, elle pourrait se fissurer encore une fois.


Tous ces éléments se sont enchaînés en un lapse de temps de trois ans. Trois ans ou ni mon physique ni mon mental n’ont eu de répit. Trois ans où j'ai vu mon corps se déformer.


Alors, oui, vous n'avez pas besoin de me répéter que je suis grosse et que je dois maigrir. je le vois, je le sais mieux que quiconque.


Alors, oui, arrêtez de me dire de faire du sport pendant une heure avec mon chien. J'ai abusé le mois dernier d'une belle promenade d'une heure. Mon abcès s'est fissuré et j'ai fait une rechute dans mon hyperphagie. Je ne veux plus mettre ma santé morale et physique en danger pour plaire aux gens, famille et amis.


Alors, oui, sachez que j'essaie de manger sainement et j'ai fait de gros efforts. Depuis que je suis suivie psychologiquement, mes crises d'hyperphagie se sont calmées. Mon trouble alimentaire est un combat que je mène jour après jour.


Alors oui, plus vous allez me parler de mon physique, plus je vais perdre cette confiance en moi qui est à moitié acquise.


Alors, oui, je suis grosse et c'est mon problème, pas le vôtre.


Mon corps, mon problème.



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