UNE NUIT SOMBRE
Les larmes s'échappent difficilement de ses yeux. Elle sombre peu à peu dans la mélancolie. Ces derniers temps sont durs. Alors comment trouver l'espoir au milieu de ses vestiges sentimentales ? D'abord son père, puis ses frères et maintenant son fiancé, devenu majeur. Tous aptes à réaliser d'atrocités douloureuses, mentales comme physiques. C'est la guerre. Les femmes pleurent leurs hommes tandis que les hommes pleurent leur pays.
Le tonnerre gronde cette nuit là. La jeune femme s'enferme de plus en plus sous les lourds draps avec sa mère et sa jeune sœur. Le tonnerre ne fait qu'un avec les bombardements. Il est difficile pour ces femmes de discerner la main de l'homme de la nature incontrôlable.
Les animaux ont fui depuis les premiers bombardements, seuls certains sont restés sous l'indépendance de la nourriture.
La fatigue et la maladie a déjà gagné la petite sœur. Lucy tousse souvent malgré la chaleur corporelle de sa grande sœur et de sa mère. Léane n'arrête pas de caresser les cheveux de sa sœur en lui chuchotant des mots rassurants.
Il est vrai que la guerre a commencé il y a quelques mois, que le quotidien de chaque vie a été bouleversé. Mais Léane sait ce qu'elle veut. Elle sait que la guerre finira un jour et elle espère profondément que son grain de sel changera la donne, à l'avantage de son pays. Elle est prête à reprendre sa vie en main et devenir une rebelle. La radio et les énigmes sont ses principales qualités. Tout se passe tellement vite dans sa tête. Elle a juste peur de ce qui leur arrivera si elles le savent. Lui en voudront-elles de vouloir de sauver son pays à sa manière, de se mettre en danger, heure après heure ?
Serrant la main de Lucy, elle termine de l'endormir en continuant de lui caresser les cheveux. C'est à quatre heure du matin que la ville s'endort, que les bombes s'arrêtent et que le cœur de Léane bat d'un rythme régulier. Elle sombre dans un sommeil rempli d'espoir et de cauchemar.