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LES BRIMADES


+ texte écrit pour un concours d'écriture sur le site « Envie d'écrire »


Il y a toujours ces rires qui jasent autour de moi. Cette moquerie qui me rappelle ma différence. Il y a toujours ces perles amères qui glissent le long de mes joues, me ramenant à la dure réalité. J’ai beau me cacher derrière un sourire, rien ne va. Je suis le bouc-émissaire de ma classe.

J’aimerais en parler à mes parents, mais j’ai honte. J’ai honte de ma faiblesse, de ma vulnérabilité. J’ai peur aussi, de ce qu’ils pourraient dire en retour. Et s’ils me jugeaient ? Non, je ne peux pas. Je ne peux pas expliquer mes colères quand j’explose le soir.

Magalie est la chef du groupe qui me persécute depuis maintenant trois ans. J’ai une incroyable patience. Mais plus pour longtemps. Ne pas bouger le petit doigt ne m’aide pas, alors j’hésite à me venger de toute la souffrance que j’accumule, mentale et physique.

Qui dit bouc-émissaire avance aussi ce sentiment d’abandon, de solitude. Personne ne veut rester avec moi à l’école. Personne ne veut partager mes lourdes chaînes. En même temps, qui voudrait se faire gratuitement insulter ? C’est une idée qui ne vient à aucun esprit, sauf peut-être les masochistes. Mais je n’en fait pas partie. Je voudrais qu’ils me laissent tranquille. J’ai déjà assez donné.

J’avoue avoir pensé au suicide à plusieurs reprises. Je me retiens, pour ceux qui m’aiment : ma famille. Mais cela est de plus en plus dur.

Il faut que je trouve une activité où je puisse me libérer. Après plusieurs crises de colère, mon père m’a prescrit le yoga, pour canaliser mon énergie. Il n’a rien compris. Je ne dois rien canaliser, je dois la faire sortir.

Je vous avoue avoir tout essayé mais rien n’a marché. Enfin, « tout » est un mot très large. J’ai même vu un psychologue. Je pense qu’il a fait du mieux qu’il pouvait. Je suis quelqu’un qui se renferme vite sur soi.

Les tornades de la vie font de moi une personne méfiante, froide, triste et mélancolique. Se relever après une maussade journée est quelque chose d’impossible.

J’ai envie de vous dire que je suis forte mais se serait mentir. Même les câlins de maman ne consolent pas mon cœur. Il se froisse au fur et à mesure des coups bas.

Je pourrais dire ce qu’ils me font à la CPE mais je ne veux pas imaginer ce qu’ils me rendront, plus dur et corsé. Ce serait me vendre et je ne veux pas leur laisser ce plaisir. Non, je me contente d’encaisser, sagement, patiemment.

Comme tout gamin, ils me tirent les cheveux, me volent des affaires, mettent du chewing-gum entre mes mèches. Chaque jour, ils disent des choses horribles sur moi, comme le fait que je ne me lave pas, que je vis à la rue, que je m’habille comme une sans abris.

Mais c’est faux, strictement faux.

Après trois ans de recherche, j’ai enfin trouvé mon refuge. Cette chose qui me fait renaître peu à peu, qui m’aide à supporter. Cette chose, c’est l’écriture. Pour dire vrai, au fur et à mesure d’écrire, je me crée un second monde, plus jolie, plus attrayant, moins difficile à vivre. Mon cœur devient de plus en plus léger. J’arrive mieux à contrôler mes crises de colère. Je me sens libre. Écrire est devenu une échappatoire à la réalité. Je sais que je change peu à peu. Mon comportement devient plus agréable, mon visage est plus doux. Cette douceur est la résolution à la bêtise dont je suis victime. Le sourire que je lance à Magalie la rend haineuse. Elle ne sait plus quoi faire pour me détruire.

Mes mots sont mon armée. Mes mots sont mes remparts. Mes mots sont ma renaissance. Mes mots ont guérit mes maux.

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