IMPUISSANT
J'avais abandonné tout espoir de rejoindre ma mère. Je savais qu'elle avait besoin de moi mais à chaque fois que je marchais, une sorte de brouillard épais et blanc m'entourait. Je n'arrivais pas à savoir où j'étais et parfois même pourquoi j'en étais venu à marcher. Je désespérais, si je tendais la main, j'aurais pu toucher l'être qui m'avait donné son sein et la vie, mais lorsque que je voulais le faire, mes gestes étaient comme paralysés, je n'étais plus maître de mes mouvements.
Je voulais la serrer dans mes bras tellement elle pleurait. Je suis sûr que si elle avait pu, elle aurait rempli une casserole entière de ses larmes. Je voulais lui dire que j'étais là, seulement si je connaissais la cause de son océan de larmes.
Puis un matin, elle avait pris une feuille et avait écrit un adieu. J'étais terriblement en colère, mais comment lui dire quand je ne peux rien faire ? Dans sa poche, une photo d'elle et de son fils, moi, qui dépassait. La voilà qu'elle se mettait de nouveau à pleurer.
Elle ouvrit la fenêtre et regardait le sol d'un air lointain. Elle allait faire la plus grosse bêtise de sa vie pour seul témoin, moi, impuissant. Je m'étais mis à pleurer avec elle. Je la regardais tourner le dos à la fenêtre. Elle me faisait face sans me voir. Je ne bougeais pas, j'avais peur du brouillard et surtout de voir ce qu'elle allait faire. Lentement, elle avait basculé en arrière, elle volait dans les airs.
Je me mis à courir vers elle pour la rattraper mais le brouillard épais et blanc était là. Je criais et criais le nom de ma mère.
Soudain, elle m'apparût, au milieu de brouillard. Elle me sourit, par ce geste, je venais de comprendre que nous étions morts tous les deux.