ACCIDENT DE VOITURE
Je marchais. Je percutais. Je tombais. J'agonisais. Le brouillard m'enveloppait comme dans les bras de ma mère.
Il m'a fallu une minute pour comprendre que j'étais étalée dans une flaque de boue. Autour de moi se trouvait des personnes. Ils se susurraient des mots. D'autres appelaient un médecin ou une aide à qui passait.
Une tête se rapprocha, plus pâle que les autres. Elle envahissait tout le champ de ma vision. Son visage était recouvert de cheveux roux, courts et lisses. Elle m'avait l'air familier. Pourtant, aucun souvenir. Ah, si, peut-être. Mon cousin. Ma mère n'avait beau avoir que des frères, Pascal, le père du roux, était le seul survivant.
Ma tête se souleva du sol, me ramenant à la réalité. En effet, le roux la tenait entre ses mains.
En parlant de main, une miche de pain logeait dans la mienne. Trop dure pour la manger, je songeais la mettre de côté. Pourtant, la miche venait de se briser en morceaux. En voulant trop s'approcher, une personne écrasait ma main.
J'étais trop fatiguée pour crier ma douleur, seulement si j'en avais une. Je ne sentais rien. Le pied se releva, ma main fut enfin libérée.
Une odeur peu familière et pourtant reconnaissable parmi tant d'autres parcourait mes narines. Ce fut ensuite mes lèvres glacées. Un goût qu'on ne peut oublier. Mes dents attaquèrent le morceau tiède. Le roux me faisait manger, de force, un carré de chocolat. Mais pas n'importe lequel, celui de sa mère. Je savourais le chocolat et m'essuyais les yeux avec le peu de force restante. Je scrutais chaque personne.
Lisa arrivait d'un pas vif. Elle s'agenouilla. Les larmes aux yeux, elle renifla bruyamment. Je compris alors que j'étais mal, mais vraiment très mal.
À présent, toute la ville m'observait. Je pensais que je reprenais des forces mais les pulsations de mon cœur en disaient le contraire.