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LA FILLE AUX CHEVEUX D'OR


Vite, j'allais être en retard. Madame Steff allait encore me punir pour mon manque d'assiduité. Je longeais la route dans la direction du puits de Toupa. Toupa est une femme étrange qui a le don de vous faire remplir votre pantalon rien qu'en parlant. Sa voix est rauque, parfois même criarde.

Mon sac contenant les courses de madame Steff s'ouvre alors. Zut ! Je ramasse tout en crispant la mâchoire. C'est alors que j'entends des pleurs. Je lève la tête en sursaut et aperçois une fille, assise et genoux repliés contre elle, sur le toit. Une petite voix dans ma tête me souffle : Encore une fille violée, tu ne peux plus rien pour elle. Je soupire et grâce à mon haut replié en forme de bavoir, je range les courses. Je relève ensuite la tête et mon cœur rate une pulsation. La jeune fille est debout, bras écartés, prête pour s'envoler.

  • Attends !

Elle baisse des yeux rouge de sentiments vers moi. Je m'approche quelque peu.

  • Attends, je répète.

  • Attendre quoi ? Que le toit s'écroule ? Crache t-elle.

Je jette un regard à l'intérieure de la maison. Elle est vide et non éclairé.

  • Non, une solution.

  • J'ai tout essayé ! Casses-toi ! Fit-elle en croisant des bras.

  • Tu es sûre ? Ce serait triste de perdre une aussi jolie fille aux cheveux d'or.

Elle me lance un regard qui pourrait vous faire renoncer à votre envie de lui parler puis elle ferme les yeux.

  • Casses-toi, c'est tout ce que je te demande.

  • Je saute avec toi ! Fis-je après un long moment.

Elle ouvre les yeux, une larme s'écoule de l'un deux.

  • C'est une idée débile.

  • Pas plus que la tienne. Ne saute pas, j'arrive.

Elle pousse un profond soupire en tapant du pied. Elle a pris la décision de m'attendre, ce qui se confirme avec ses dires.

  • Grouilles-toi !

Je pose les courses par terre et tourne autour de la maison en quête d'un accès au toit. Arrivé là-haut, la fille me fait face.

  • Quelle est ton excuse ?

  • Madame Steff. Ma misérable vie. Toi ?

Elle hausse un sourcil, surprise. Elle baisse les yeux en se triturant les doigts.

  • C'est maigre ça, petit joueur. J'ai perdue ma famille.

  • On peut la retrouver si ce n'est que ça.

  • Tu ne comprends rien toi ! S'exclame t-elle en me donnant un coup à l'épaule. Pour les retrouver, je dois sauter.

J'écarquille les yeux. Je passe une main dans mes cheveux. C'est à mon tour de me triturer les doigts.

  • Alors c'est pour ça... Tu n'es qu'une lâche ! Tu crois qu'ils aimeraient que tu abandonnes ton objectif ? L'objectif que tout le monde doit trouver ? On ne pas naît pour rien.

Un silence s'installe entre nous. Je la surprends me prendre la main et me la serrer doucement. Cette fille est bien spécial. Elle a une allure de guerrière mais referme un cœur douloureux.

  • Eux, si.

  • Ne chipote pas, tu m'as compris, je réplique.

  • Ça existe encore ce verbe ?

  • Allez, viens.

Je la tire vers le jardin. Elle me prend dans ses bras en me soufflant à l'oreille quelque chose qui me fait sourire : « Ne me le fait pas regretter ou je te tue ! ». Elle me lâche et me marche sur le pied. Je reprends mes courses et nous partons en quête de ses objectifs.

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