LE COUTEAU DANS LE DOS
La journée venait de finir pour moi. J'étais fatiguée. La seule pensée qui me rendait heureuse était que j'allais enfin pouvoir rentrer chez moi. J'avais pris le chemin des vestiaires, bientôt suivit de quelques uns de mes collègues.
Je me décrirais comme la moins aimée de l'équipe. Pourquoi ? Parce qu'ils cherchaient un souffre douleur. Les rumeurs qui tournaient autour de moi, j'en connaissais malheureusement plusieurs versions. J'étais la plus jeune, la plus fragile, la plus vulnérable. Mais j'étais forte, je vous rassure. Je n'étais pas comme ces filles qui pleurent dès qu'on les regarde de travers.
Ce soir là, il pleuvait depuis bientôt cinq heures. La zone orange de l’inondation nous était destinée.
Mes collègues sortaient les uns après les autres. À présent, il ne restait plus qu'une femme et moi. J'enfilais mon gilet quand elle commença à sortir. C'est alors que la porte de mon casier s'écrasa sur mon nez. Je basculais en arrière, tapant durement le sol. En chutant, j'avais entendu le rire abusif de la femme. La porte se referma et mon esprit sombra dans l'inconscience.
Ma mère m'a dit qu'on m'avait retrouvé lors de la fermeture du magasin, une heure plus tard. Elle m'a aussi dit que j'avais eu beaucoup de chance. Seulement un nez cassé, un mal de dos et des migraines horribles.
Pour tout vous avouer, j'ai perdu au moins une dizaine de kilos lors de cette période. Lorsque j'étais revenue au travail après mes quelques jours à l’hôpital et l'autorisation du médecin, j'étais devenue une moins que rien. Il m'arrivait de trembler, faire des malaises ou encore d'avoir peur de n'importe quoi ou n'importe qui. Je me suis accrochée et j'ai continué à persévérer. Je me soigne avec des thérapies.
Et mon seul but, à présent, est de retrouver le monstre qui a fait de ma vie un enfer.