LES CHOIX
Je me suis approchée du miroir. Au lieu de me voir, j'ai vu une petite fille. J'ai vu mon enfance. Je suis partie chercher mon appareil photo. Je reviens et je me rapproche du miroir. Dans le reflet, il y a maintenant deux filles. Moi et mon enfance. Je savais que cette salle était bizarre. Rien qu'à voir les toilettes délabrés et la porte sans poignet, qu'on tire avec son ongle. Deux personnes s’approchent des deux filles. Je suis incapable de faire quoi que ce soit. J'observe en silence. Les deux hommes s'arrêtent à équidistance des deux filles.
Je lance un regard derrière moi. Rien. L'endroit est éclairé par une simple ampoule. J'ouvre la bouche pour mieux respirer puis je reviens au miroir. Je lève la main gauche, elle me recopie. Je soupire de soulagement. Peut-être une illusion ? Oui voilà. J'ai dû rêver. Sûrement à cause de cet endroit sombre et sale.
Je sors de la pièce calmement et me dirige sur la droite. La main sur la poignet, j'ouvre la porte. C'est nettement moins sombre que la salle au miroir. Il y a deux fenêtres remplie de barreau et deux poutres. Je cligne des yeux. Oui, je comprends mieux.
C'est alors qu'une dizaine d'enfants entrent dans la pièce et jouent sans prêter une attention vers moi. Je suis spectateur. Spectateur de mon enfance. Est-ce pour me dire que j'ai fait des mauvais choix dans la vie ? J'avoue avoir changé cette salle en appartement. La salle de miroir en chambre. Je tombe à terre sur les genoux, les mains sur mes yeux. Le bruit des enfants se stoppe net. Je pleure et pleure. Le sol se craque, il s'effondre. J'essaie de m'accrocher à ce que je peux. C'est alors que je me réveille, complètement trempé dans mes draps. Je souffle. Je ne me rappelle plus de rien mais je me mets à pleurer.