LE SILENCE
Qu'est-ce que je m'ennuie... Encore une journée en presque orpheline, c'était répugnant la façon dont ils l’ont fait, et le pire, c'est qu'ils ne répondent plus au téléphone. Je désespère, une larme coule le long de ma joue et se scratch sur mon genou gauche, replié contre moi. Mes cheveux recouvrent mes bras qui m'entourent, mes épaules et quelques uns rentrent dans ma bouche. Je ne veux pas lever la tête, je ne veux qu'on m'embête. Oui, je veux qu'on me fiche la paix. Je savais qu'ils m'aimaient pas mais là, ils ont touché le fond, faire exprès d'oublier sa propre et unique fille chez des "amis" que je ne connais même pas, c'est si répugnant... Surtout que les "amis" ont un fils qui voit trop soleil, il me déprime encore plus. Je vois ombre, j'aime ça, je préfère ça.
Mais ces derniers temps, il vient souvent me voir et dépose une assiette remplie de pâtes, purée, lentille, que je ne veux pas engloutir. C'est pour ça que la pièce sent très mauvais, c'est le seul point négatif de mon silence. Je fais grève comme on dit. Les "amis" font tout pour joindre mes parents mais jamais je n'oublierais leurs fautes.
La porte de ma pièce s'ouvre lentement. Le revoilà, le fils. Mais cette fois-ci, je ne sens pas une nouvelle saveur. Il vient sans assiette, tant mieux.
Il opte pour de la nouveauté : Le contact physique. Il détache mes bras liés et redresse ma tête. Je le fixe derrière mes cheveux. Je veux grogner, me cacher, le repousser, mais je n'ai plus la force. Il ramène mes cheveux en tresse derrière ma tête. Il regarde d'un air doux mes yeux sombres comme les mers profondes. Une autre goutte s'échappe et glisse le long de mon menton.
Il m'explique sa vie en quelques mots. Il s'appelle Ian, il a mon âge, il a un chat qu'il a appelé Nestirne, il a redoublé la 3° et à dû repasser le brevet, il fait de l'équitation et en ai au galop 3. Il a l'air sérieux, dynamique, tout le contraire de moi. Il attrape mes mains et les balances de droites à gauche, un sourire nié aux lèvres. Son sourire m'enlève tous les maux mais je veux les rattraper et m'enterrer avec.
Lentement, il me relève et ose un baiser sur mon front puis me prend dans ses bras. À ce moment-là, je me lâche. Je pleure, je ressuscite. Il me lâche mais je le veux près de moi. Il sort de la pièce et sans m'en apercevoir, je le suis. Je me libère de ma carapace. Il reprend l'une de mes mains.
Il sourit. Petit à petit, moi aussi je souris.