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LE CAUCHEMAR


  • Quoi ?! Je grogne.

  • Es la hora.

  • Ta gueule !

  • T'es vraiment nul hein...

  • L'heure ?

  • 3 heures.

Je lève la tête. Il fait jour. Mon coussin atterrit sur la tête de mon frère.

  • Oh ! Je t'ai rien fait. (Il s'approche de la porte) Tu me remercieras. Habits-toi, ton prince charmant arrive.

Il ne parle pas de prince charmant mais d'un homme que je déteste. Il put. Son haleine empeste l'alcool. Il a les cheveux courts et mal coiffés. Ses ongles sont rongés jusqu'au sang. Pourtant, il est mince, je l'avoue. Mais je le déteste ! D'une part, parce qu'il vient me voir puis me calcule pas. D'autre part, ben, c'est mon beau-père.

Je porte ma montre à mes yeux. J'ai exactement dormis 18 heures et 6 minutes.

Je ramène la couverture sur moi. Je me prépare moralement. Je pose ma tête et la relève immédiatement. Mon coussin ! Je regarde aux alentours. Personne. Je tends la main et me concentre. Le coussin vient à moi. Je souris, satisfaite.

Je lève la tête et lâche toute expression. Il est là. Au pas de la porte. M'a-t-il vu ? Je n’espère pas. Il s'approche de moi en titubant. J'ai envie de rire mais je ne veux pas aggraver mon cas. Il me dévisage puis montre ses dents jaunies. Je me demande comment il a sût conquérir le cœur de ma mère.

Il pense que je suis malade et que j'ai perdu la voix. Sûrement parce que je tousse à sa puanteur et que je ne veux pas lui adresser un seul mot.

Je regrette déjà d'être née.

  • Alors, la p'tite à mal ?

Je suis des yeux un postillon au vol et me rétracte. Qu'ai-je donc fait de mal pour qu'il entre dans ma vie ? Il approche son doigt de mes côtes. Je me crispe. C'est bien sa faute si je dois camper sur mon lit d'hôpital. Je me plonge dans ses yeux clairs. Il fronce les sourcils.

  • J't'ai vu t'sais ?

Je me mords la lèvre et lui demande de continuer en plissant les yeux.

  • 'Man ou 'Pa ?

Je fais genre de pas comprendre, ce qui est en fait le cas.

  • Maman ou papa ?

Il s'est rapproché une nouvelle fois. Un ton menaçant dans sa voix. Je m'apprête à crier quand il me la boucle avec ses doigts poisseux. J'ai peur, terriblement peur. Des larmes me montent aux yeux. Il s'écarte doucement.

  • Papa.

Je ne comprends plus rien. Que signifie "Papa" ? Je mets ma tête sur le côté.

  • J'l'ai surveillé et t'sais.... Pars avec moi.

Oh mon dieux, j'ai la tête qui tourne. De qui il parle ? De mon père ? En tout cas, la réponse est claire. Je reste ici. En sécurité.

Je le dévisage. Je vois ses yeux changer de couleur ainsi que ses cheveux. Je m'assis. Bien loin de lui. Ses ongles poussent et son visage s'arrondit. Il parait plus jeune mais toujours aussi effrayant. Dès la fin de sa transformation, je mets enfin un mot sur ce type.

  • Papa ? Je demande.

Il hoche la tête.

  • PAPA !

Il s'effondre à une telle vitesse que je ne peux le retenir.

  • Au secours ! Aidez-moi !

Je regarde autour de moi. Mon beau-père est là, au fond de la salle, dans l'ombre. Il me vise avec son pistolet. Voilà ce qui a tué mon père.

Me voilà à présent dans un tunnel. Il a dû tirer dans ma poitrine car je n'ai rien senti. Je soulève ma robe blanche puis marche. Je ne sais pas où je vais mais je ne m'arrête pas. Je pleure. Encore et encore. Je continue à marcher puis une voix m'interpelle. Je regarde autour de moi. C'est alors que je vois une corde. J'incline la tête. J'ai compris. Je la sers aussi fort que je peux. J'y grimpe. Je ferme les yeux.

  • Hey, tu m'entends ?

J'ouvre les yeux.

  • Elle se réveille ! Regardez !

Je renifle. Mon père ! Il est vivant. Je voudrais sauter de joie. Ce n'était qu'un rêve, un mauvais rêve. Mon frère me regarde. Assis sur mon lit, il me tend les bras. Je m'y blottis. Je souris. Je n'ai pas de beau-père. Pas de côtes cassées. Aucun tunnel.

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